-Au départ, quand vous avez créé cette
structure, aviez-vous déjà envie de mettre en avant un état
d’esprit particulier ?
Fabe : En faisant le EP de Koma,
nous avions déjà la même démarche qu’aujourd’hui avec le maxi.
On trouvait que c’était bien et on n’avait pas envie de demander à
des gens qu’on estime s’y connaître moins que nous dans le peura,
si nos disques étaient prêts à sortir ou non, surtout quand tu vois
la file d’attente dans la maison de disques et comment le copinage
fonctionne à plein régime. On s’est donné les moyens d’avancer. Même
si on est connus, on n’est pas branché show-business.
-Pour résumer, quel est l’état d’esprit de
la Scred Connexion ?
Koma : A la Scred, on a
toujours procédé par étape, je l’ai fait pour
mon album, Fabe pour le sien. Notre force, c’est qu’on
applique à nous-mêmes ce qu’on raconte dans nos textes. Avant de
donner les conseils à un jeune qui veut sortir un album, on lui a déjà
montré notre exemple. Ce n’est pas parce que tu rappes avec Fabe qui
a sorti trois albums et trois clips, que tu es un bon. Il faut que toi,
tu montres ce que tu sais faire.
-Qu’entendez-vous par « on ne marche
pas à la pression »
Fabe : Ca veut dire que si on
veut faire quelque chose, on le fera. Si on n’a pas envie, tu nous le
feras pas faire. On ne fonctionne pas à l’urgence.
-Comment comptez-vous contourner votre manque
d’exposition médiatique ? Par les concerts ?
Fabe : Quand nos albums sont
sortis, ils ont explosé les premières places des radios black listes
c’est-à-dire toutes les émissions hip hop en France. Quand on voit
les gens qui viennent à nos concert, ça confirme notre opinion selon
lequel il se passe vraiment quelque chose et en plus, ça nous donne la
façon de ne pas dire de conneries dans nos textes.
-L’avenir du rap en France passe-t-il par des
structures indépendantes comme la vôtre ?
Koma : Aujourd’hui, on ne
signe plus pour des artistes pour les faire découvrir, mais on signe
des artistes parce qu’ils ont fait la moitié du chemin. Moi, on m’a
signé en édition chez BMG pas parce qu’on m’aimait bien, mais
parce que mon maxi époque de fou était passé 300 fois à la radio
alors que c’était une auto production.
-Le secteur ä
était un exemple de structure hip hop qui avait réussi à
s’imposer dans le business. Ça vous a attristé les histoires de Doc
Gynéco ?
Koma : On s’en bat les couilles.
Ils se sont fait des millions en disant qu’ils n’étaient pas dans
le rap, qu’ils aillent se faire enculer maintenant. Je te parle du
vrai rap, moi, pas la merde qui passe sur Skyrock du matin au soir, et
qui prend deux ou trois millions en droits d’auteur en racontant
n’importe quoi, notamment que sa meuf est une salope. Ils n’ont
qu’à s’entre-tuer, je m’en fous.
-À force de mettre toutes vos énergie dans vos
textes, vous n’avez pas peur de perdre en musicalité, en flow et en
technique ?
Fabe : La technique et le flow,
c’est bien, mais quand tu es dans une salle où tu ne connais
personne, il vaut mieux que les gens comprennent ce que tu racontes. Au
bout de trois minutes de flow où personne n’y comprend rien, ils ne
t’écoutes plus. Moi, je mets la technique et le flow au service de
ce que j’ai à dire. Si pour ça, je ne peux pas continuer la phrase
une mesure de plus, je l’arrête.
FIN
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