SCRED CONNEXION

 

Avec leur concert au centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre du 24 Mars 2000, la scred Connexion gagne du terrain. Dans les bacs, tout d’abord avec un maxi fumant Bouteille de Gaz et dans les esprits avec un leitmotiv efficace « Jamais dans la tendance, toujours dans la bonne direction ».

 
-Au départ, quand vous avez créé cette structure, aviez-vous déjà envie de mettre en avant un état d’esprit particulier ?
Fabe : En faisant le EP de Koma, nous avions déjà la même démarche qu’aujourd’hui avec le maxi. On trouvait que c’était bien et on n’avait pas envie de demander à des gens qu’on estime s’y connaître moins que nous dans le peura, si nos disques étaient prêts à sortir ou non, surtout quand tu vois la file d’attente dans la maison de disques et comment le copinage fonctionne à plein régime. On s’est donné les moyens d’avancer. Même si on est connus, on n’est pas branché show-business.

-Pour résumer, quel est l’état d’esprit de la Scred Connexion ?
Koma : A la Scred, on a toujours procédé par étape, je l’ai fait pour  mon album, Fabe pour le sien. Notre force, c’est qu’on applique à nous-mêmes ce qu’on raconte dans nos textes. Avant de donner les conseils à un jeune qui veut sortir un album, on lui a déjà montré notre exemple. Ce n’est pas parce que tu rappes avec Fabe qui a sorti trois albums et trois clips, que tu es un bon. Il faut que toi, tu montres ce que tu sais faire.

-Qu’entendez-vous par « on ne marche pas à la pression »
Fabe : Ca veut dire que si on veut faire quelque chose, on le fera. Si on n’a pas envie, tu nous le feras pas faire. On ne fonctionne pas à l’urgence.

-Comment comptez-vous contourner votre manque d’exposition médiatique ? Par les concerts ?
Fabe : Quand nos albums sont sortis, ils ont explosé les premières places des radios black listes c’est-à-dire toutes les émissions hip hop en France. Quand on voit les gens qui viennent à nos concert, ça confirme notre opinion selon lequel il se passe vraiment quelque chose et en plus, ça nous donne la façon de ne pas dire de conneries dans nos textes.

-L’avenir du rap en France passe-t-il par des structures indépendantes comme la vôtre ?
Koma : Aujourd’hui, on ne signe plus pour des artistes pour les faire découvrir, mais on signe des artistes parce qu’ils ont fait la moitié du chemin. Moi, on m’a signé en édition chez BMG pas parce qu’on m’aimait bien, mais parce que mon maxi époque de fou était passé 300 fois à la radio alors que c’était une auto production.

-Le secteur ä  était un exemple de structure hip hop qui avait réussi à s’imposer dans le business. Ça vous a attristé les histoires de Doc Gynéco ?
Koma : On s’en bat les couilles. Ils se sont fait des millions en disant qu’ils n’étaient pas dans le rap, qu’ils aillent se faire enculer maintenant. Je te parle du vrai rap, moi, pas la merde qui passe sur Skyrock du matin au soir, et qui prend deux ou trois millions en droits d’auteur en racontant n’importe quoi, notamment que sa meuf est une salope. Ils n’ont qu’à s’entre-tuer, je m’en fous.

-À force de mettre toutes vos énergie dans vos textes, vous n’avez pas peur de perdre en musicalité, en flow et en technique ?
Fabe : La technique et le flow, c’est bien, mais quand tu es dans une salle où tu ne connais personne, il vaut mieux que les gens comprennent ce que tu racontes. Au bout de trois minutes de flow où personne n’y comprend rien, ils ne t’écoutes plus. Moi, je mets la technique et le flow au service de ce que j’ai à dire. Si pour ça, je ne peux pas continuer la phrase une mesure de plus, je l’arrête.

FIN